PubliĂ©le 25 aoĂ»t 2022 Ă  12h00 par La rĂ©daction mis Ă  jour le 25 aoĂ»t 2022 Ă  12h06 Alors que le mercato estival bat son plein, les clubs se Laculture ne nous rend pas plus humain, parce qu’à mesure qu’elle nous ouvre sur l’humanitĂ©, elle nous rĂ©duit au groupe. Il y a lĂ  une impossibilitĂ© de principe. Elle divise entre Ilsont 175 000 mineurs placĂ©s par dĂ©cision de justice sous la protection de l’aide sociale Ă  l’enfance, parmi lesquels 60 000 sont en foyer ou famille d’accueil. Lezinc / Discussions gĂ©nĂ©rales; CPGE prĂ©pa | Fiche de vocabulaire allemand: le corps humain par 10/04/2011 15:19 0 RĂ©ponses 979 Vus Dernier message par prepa-HEC.org 10/04/2011 15:19 Le zinc / Discussions gĂ©nĂ©rales; Le progrĂšs technique est-il un progrĂšs humain ? par LauRa » 13/03/2004 21:20 3 RĂ©ponses 11167 Vus Sinous nous Ă©loignons de la gratitude, nous perdons notre joie. Si nous permettons Ă  quelque chose qui ne nous honore pas (nous ou les autres) de se produire, nous ne sommes pas joyeux. Si cela ne nous inspire / Ă©lĂšve / unit / soutient pas, alors cela n’a pas de sens. Si cela ne provient pas de l’amour, alors ce n’est pas rĂ©el. Latechnique rend-elle le travail humain superflu ? La technique rend-elle le travail humain superflu ? PubliĂ© le 23/01/2004. Extrait du document. Cela non seulement parce que la technique contraint les corps, puisque en somme elle est une force, mais aussi, et peut-ĂȘtre davantage encore, parce que notre esprit, nos pensĂ©es, nos dĂ©sirs sont suscitĂ©s ou commandĂ©s par elle. Emploi: IntĂ©rim travail de nuit Ă  BĂ©ziers, HĂ©rault ‱ Recherche parmi 903.000+ offres d'emploi en cours ‱ Rapide & Gratuit ‱ Temps plein, temporaire et Ă  temps partiel ‱ Meilleurs employeurs Ă  BĂ©ziers, HĂ©rault ‱ Emploi: IntĂ©rim travail de nuit - facile Ă  trouver ! Ilvient de la racine slave « robota » qui signifie travail de force. De lĂ  sont nĂ©s deux mythes : le robot est un humanoĂŻde et le robot va prendre la place de l’homme. En parallĂšle, les Lestextes les plus importants de Karl Marx pour le XXIe siĂšcle. Choisis et commentĂ©s par Robert Kurz, La Balustrade, Paris, 2002, pp. 123-127. L’autre Marx, le Marx Ă©sotĂ©rique, celui de la critique radicale catĂ©gorique se discerne bien moins nettement en ce qui concerne la critique du travail. Sur ce point, Marx semble gĂ©nĂ©ralement en accord avec le marxisme Enfait, une conclusion plus juste serait : le travail ne rend pas heureux mais on peut faire en sorte que les salariĂ©s soient heureux au travail en leur confiant des responsabilitĂ©s, en amĂ©nageant le lieu de travail, en les associant Ă  la performance de l’entreprise, en les laissant libres de leurs horaires ou de faire du tĂ©lĂ©travail, voire en leur proposant des cours de yoga au teYx8tv. Dans le langage courant, le terme travail dĂ©signe un grand nombre d'activitĂ©s sociales l'ouvrier et le cadre travaillent, mais aussi la femme au foyer, l'Ă©lĂšve Ă  l'Ă©cole. MalgrĂ© une certaine confusion, il semble qu'ils se consacrent tous Ă  une activitĂ© socialement utile ou rentable. Travailler c'est donc agir en vue de l'utilitĂ© et plus fondamentalement le travail est nĂ©cessaire Ă  la vie. En effet, si je travaille, c'est que j'en ai besoin pour vire, ce besoin est indĂ©finiment renouvelĂ© car j'aurai toujours Ă  nouveau faim ou soif et donc Ă  faire un effort pour me satisfaire. La pĂ©nibilitĂ© indĂ©finie, l'attachement au corps et Ă  la vie la nĂ©cessitĂ© dĂ©finissent donc le travail. Pourtant, par son intermĂ©diaire, je transforme mon monde mon rapport Ă  la nature, Ă  moi-mĂȘme et aux autres. Cette transformation est-elle un accomplissement pour l'homme ou le rend-elle du moins possible ? Faut-il penser qu'il y a lĂ  une dĂ©naturation de l'humanitĂ© ? Si le travail est la marque de la nature en l'homme, il dĂ©veloppe nĂ©anmoins des rapports proprement humains avec elle. Ceci n'exclut pourtant pas que l'homme peut se perdre dans le travail et les obligations qu'il implique. I. Le travail est dans la nature humaine. Travailler, c'est d'abord rĂ©ponde Ă  une nĂ©cessitĂ© naturelle, celle de satisfaire, au moins dans un premier temps, nos besoins. Le travail est donc fondamentalement la marque de la nature sur l'homme. Il semblerait de ce fait qu'il nous lie Ă  la rĂ©alitĂ© biologique du corps avec ses mĂ©canismes qu'il faut sans cesse entretenir plutĂŽt qu'Ă  des qualitĂ©s spĂ©cifiquement humaines qui distinguent l'humain des autres ĂȘtres. Ainsi, Hannah Arendt dans Condition de l'homme moderne associe le travail au cycle biologique de production et de consommation, alors mĂȘme que dans la sociĂ©tĂ© moderne, on a largement dĂ©passĂ© la question de la satisfaction des besoins primaires. MĂȘme si nous travaillons pour le confort, le bien-ĂȘtre, le loisir, tous ces objets sont rapidement consommables et nous devrons renouveler notre effort pour les obtenir Ă  nouveau, et ils ne donnent que des jouissances biologiques au fond. Cette nĂ©cessite s'accompagne, on le devine dĂ©jĂ , Ă  la pĂ©nibilitĂ© du travail pour nous satisfaire, nous devons transformer une nature aride, hostile, inculte qui ne nous prodigue pas spontanĂ©ment ses bienfaits. En ce sens, si le travail est nĂ©cessaire, nous souhaiterions souvent nous en passer parce qu'il fatigue le corps et l'esprit. La tradi AccĂ©dez Ă  la suite de ce contenu AccĂšdez aux contenus premium de 20aubac gratuitement en proposant votre propre corrigĂ©, ou en obtenant un accĂšs payant. Papilloooon RĂ©ponse Le travail est un enjeu individuel, social et politique fondamental. Il façonne notre identitĂ© – gĂ©nĂ©ralement, nous nous dĂ©finissons par notre profession – et dĂ©termine notre place dans la sociĂ©tĂ©. Il nous permet d’acquĂ©rir des compĂ©tences et de nous perfectionner. Toutefois, sa pĂ©nibilitĂ© ne reprĂ©sente-t-elle pas une violence ? Le travail fait‑il de nous des hommes ?RĂ©flexion 1 Le travail fait‑il la valeur de l’homme ? â–ș Le travail est‑il aliĂ©nant ? Le travail n’est‑il pas avant tout une dĂ©valorisation et une dĂ©possession de soi ? Par le travail, l’ĂȘtre humain s’aliĂšne et, paradoxalement, peut s’appauvrir intellectuellement et physiquement. Lorsque le travail est rĂ©pĂ©titif, il ne permet plus de s’accomplir dans la mesure oĂč il prive l’individu de l’objet qu’il a produit. Il en va ainsi du travailleur dans le systĂšme productif capitaliste dĂ©crit par Marx. â–ș Quel perfectionnement de soi le travail permet‑il ? Cette aliĂ©nation par le travail est‑elle inĂ©vitable ? À quelles conditions un travail peut‑il permettre de s’accomplir et de se perfectionner ? Le travail ne serait pas seulement synonyme de dĂ©possession mais donnerait sa valeur Ă  l’homme en dĂ©veloppant ses facultĂ©s, en maĂźtrisant un geste ou un savoir‑faire, le travail permettrait de donner un sens Ă  sa vie – sens Ă  comprendre Ă  la fois comme une direction et une signification. Simone de Beauvoir reconnaĂźt ainsi que le travail met l’homme face Ă  son pouvoir. Cependant, cette fiertĂ© n’est‑elle pas confisquĂ©e par le genre masculin ?RĂ©flexion 2 Perd‑on sa vie en travaillant ? â–ș Tout travail est‑il exploitation ? Le travail permet‑il de produire des richesses et de la valeur ou bien n’est-il au fond que la reconduction permanente de rapports d’exploitation ? Locke y voit la seule maniĂšre lĂ©gitime d’acquĂ©rir la propriĂ©tĂ©, et Crawford en fait l’occasion de gagner en compĂ©tences et en estime de soi. Au‑delĂ  du travail nĂ©cessaire, ne faut‑il pas, avec Russell, voir dans l’oisivetĂ© l’occasion de produire des vertus morales et sociales ? â–ș Que gagne‑t‑on Ă  travailler ? C’est parce que l’ĂȘtre humain travaille et qu’il transforme la nature autour de lui qu’il peut dire qu’une chose lui appartient. De ce point de vue, la propriĂ©tĂ© est la rĂ©compense de son travail. Cependant, cela suppose que l’organisation du travail ne soit pas prĂ©cisĂ©ment mise en place pour voler une partie du temps de travail. Or, le vol du surtravail est au coeur du mode de production capitaliste critiquĂ© par Marx. Le travailleur fonde alors la propriĂ©tĂ© de celui qui l’ 3 Le travail nĂ©cessitĂ© ou libĂ©ration ? â–ș L’homme peut‑il se passer de travailler ? Certes, l’homme est condamnĂ© Ă  travailler puisqu’il doit satisfaire ses besoins. Le travail apparaĂźt alors comme une souffrance qui s’abat sur l’homme. Faut‑il diminuer le temps de travail ou faut‑il avant tout changer l’organisation du travail ? Simone Weil le suggĂšre, elle qui a voulu Ă©prouver dans sa chair le travail harassant pour en penser le dĂ©passement. â–ș Le travail n’est‑il qu’une contrainte ? Dans la mesure oĂč il implique une peine Ă  laquelle nous devons nous rĂ©soudre, dans tout travail il y a un Ă©lĂ©ment de contrainte. Cependant, n’est‑ce pas lĂ  qu’un aspect, partiel, du travail ? Ce dernier ne permet‑il pas aussi de conquĂ©rir la libertĂ© et le bonheur, pour peu qu’on laisse le travailleur cultiver son propre champ » selon les termes d’Alain ?Je t'ai rĂ©sumĂ© en quelques partie, je te souhaite bon courage et bonne journĂ©e !!! "*yum*" jolylaura72 bonjour, est ce que qu'une rĂ©flexion reprĂ©sente une grande partie ? ou represente elle une idĂ©e de plan ? Ce texte est issue d’une intervention de Patrice Bride Ă  un colloque organisĂ© en mars 2018 par la Mission ouvriĂšre. Il prĂ©sente la dĂ©marche de la coopĂ©rative le travail qu’il s’agit de dire, la mĂ©thode choisie pour l’entendre et le mettre en textes, ce que nous en entendons au travers de nos rĂ©cits, et enfin nos motivations Ă  le faire dire. Notre coopĂ©rative Dire Le Travail a pour objet de mettre le travail en mots, en discussion, en textes. Mais quel est ce travail que nous prĂ©tendons dire ? Le terme doit ĂȘtre explicitĂ© il est polysĂ©mique, et chargĂ© de reprĂ©sentations et de valeurs. Il est connotĂ© parfois trĂšs positivement, dans le registre de la passion ou de la crĂ©ation, parfois trĂšs nĂ©gativement, du cĂŽtĂ© de la souffrance ou de l’aliĂ©nation. Quel est ce travail que nous prĂ©tendons dire ? Soulignons d’abord notre souci de distinguer le travail de l’emploi. Un emploi dĂ©signe une occupation bornĂ©e dans le temps on embauche Ă  8 h le matin, on quitte son poste Ă  17 h le soir, et le reste du temps est autre chose des loisirs, du repos, de la vie privĂ©e, de la vie sociale. On recherche un emploi Ă  l’issue de la scolaritĂ©, aprĂšs l’insouciance de l’enfance, jusqu’à l’ñge fatidique de la retraite, pour profiter enfin d’une vie sereine et paisible. L’emploi dĂ©signe une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e, contractualisĂ©e. Le travail qu’il s’agit de dire » pour nous est Ă  entendre dans un sens beaucoup plus large ce que l’on fait dans la vie », pour reprendre le titre de notre livre. C’est le travail qui occupe l’esprit parfois dĂšs le rĂ©veil, et encore souvent bien aprĂšs ĂȘtre rentrĂ© chez soi. C’est le travail dont on rĂȘve dĂšs l’enfance, ou encore le travail auquel on peut enfin se consacrer pendant sa retraite, quitte Ă  ce qu’il soit bĂ©nĂ©vole. C’est le travail au sens de tout ce que l’on fait, bien au-delĂ  de ce qu’on est censĂ© faire Ă  son poste, de ce qui est prĂ©vu dans le contrat avec l’employeur. Dans une expression ordinaire, on dit parfois que l’on travaille pour gagner sa vie ». Certes, au sens prosaĂŻque pour obtenir un revenu, alimenter son compte en banque. Mais on dit aussi ne pas perdre sa vie Ă  la gagner ». Il y a bien autre chose Ă  gagner et Ă  perdre au travail qu’un revenu. Le travail peut rendre la vie plus riche. Il peut mĂȘme donner un sens Ă  son existence, parce que l’on est fier de ce que l’on fait, parce que l’on se rend utile Ă  d’autres. C’est, dans une premiĂšre entrĂ©e, ce travail que nous ambitionnons de faire dire Ă  nos interlocuteurs. Et ce n’est pas une lubie les personnes que nous rencontrons ont beaucoup de choses Ă  nous dire dans ce registre. Elles acceptent avec bonne volontĂ©, parfois mĂȘme soulagement, d’évoquer ce qui les porte dans le travail un engagement personnel, une recherche d’accomplissement au travers d’une activitĂ©, l’envie et le besoin d’ĂȘtre utile aux autres. Ainsi, j’ai rencontrĂ© pour un entretien deux conducteurs de TGV. Tous les deux font le mĂȘme mĂ©tier, ont Ă  peu prĂšs la mĂȘme expĂ©rience de la conduite, et sont mĂȘme fonctionnellement interchangeables si l’un est empĂȘchĂ© de prendre son poste, il faut que l’autre puisse le remplacer au pied levĂ©, d’une façon transparente pour leurs collĂšgues comme pour les passagers. Je prenais donc le risque qu’ils me racontent la mĂȘme histoire. Mais ce sont bien deux personnes diffĂ©rentes que j’ai interviewĂ©es, qui ont certes les mĂȘmes tĂąches Ă  effectuer, mais qui en fait ne font pas la mĂȘme chose dans leur vie ». Ces deux conducteurs n’ont pas les mĂȘmes prĂ©occupations, les mĂȘmes prioritĂ©s, les mĂȘmes satisfactions Ă  leur travail. Il ne s’agit bien sĂ»r pas de les opposer ou de donner raison Ă  l’un ou Ă  l’autre, mais de prendre la mesure de la diversitĂ© des rapports singuliers que chacun entretient avec le travail. Il y a donc bien de quoi constituer des rĂ©cits. Mais si nous nous intĂ©ressons tant au travail, ce n’est pas seulement pour saisir dans nos textes ces engagements subjectifs. On travaille pour soi, sur soi, mais on travaille aussi pour les autres, avec les autres. Le travail est aussi une activitĂ© sociale. Un travail inutile est insupportable ainsi d’un vigile de nuit dans un immeuble de bureaux sous alarme, qui sait qu’il n’est lĂ  que parce que sa prĂ©sence est requise par le contrat d’assurance. Il n’avait rien Ă  faire, et il n’en pouvait plus de ne rien faire. Si travailler donne une existence sociale, c’est par la contribution que l’on apporte Ă  une Ɠuvre commune, au fonctionnement du monde. C’est bien pour cela que nos rĂ©cits peuvent toucher le lecteur ce sont des rencontres, avec des personnes que l’on cĂŽtoie dans la sociĂ©tĂ©, mais aussi des personnes qui agissent sur nous parce qu’elles conduisent les trains, parce qu’elles nous protĂšgent, nous soignent, nous alimentent, nous cultivent. Comment nous y prenons-nous pour faire dire ce travail ? Le projet initial de la coopĂ©rative Ă©tait d’ouvrir un espace d’expression, mais plutĂŽt dans l’idĂ©e de laisser la plume aux travailleurs. Nous avions la conviction, gĂ©nĂ©reuse, mais peut-ĂȘtre un peu naĂŻve, que, dans notre sociĂ©tĂ© fortement scolarisĂ©e, l’immense majoritĂ© des travailleurs maitrisent suffisamment l’écrit pour ĂȘtre en mesure de dire leur travail, pourvu qu’on le leur propose, pourvu qu’on les accompagne dans la dĂ©marche. Pas si simple
 Un entretien prĂ©alable, pour ĂȘtre dĂ©gagĂ© de la charge du passage Ă  l’écrit, a montrĂ© tout son intĂ©rĂȘt en Ă©voquant d’abord ce qu’il y a Ă  dire, pour rĂ©flĂ©chir ensuite Ă  la meilleure maniĂšre de le mettre par Ă©crit. Et puis, chemin faisant, nouvelle dĂ©couverte un entretien sur le travail ne consiste pas Ă  communiquer Ă  son interlocuteur quelque chose qui serait dĂ©jĂ  prĂ©sent Ă  l’esprit, dont il y aurait juste Ă  rendre compte en le mettant en mots. L’entretien est une interaction entre celui qui s’exprime et celui qui l’amĂšne Ă  s’exprimer, orientĂ©e vers un projet commun, en l’occurrence prĂ©parer une publication. Une belle analogie conduire un entretien, puis le mettre en rĂ©cit, c’est comme prendre une photographie. La personne photographiĂ©e accepte de se montrer, choisit ce qu’elle veut montrer d’elle, quitte Ă  dĂ©couvrir que ce qu’elle montre n’est pas ce qu’elle croyait. Le photographe ne se contente pas de capter un morceau de rĂ©el, parce qu’il a son regard, ses choix esthĂ©tiques. Il met de lui dans la photographie autant que son sujet. Deux photographes ne feront pas le mĂȘme portrait d’une personne. Au final, c’est bien sĂ»r la personne photographiĂ©e qui a droit de regard sur la publication de l’image ; mais il a fallu le travail du photographe pour que le portrait attire l’attention du spectateur, l’interpelle, lui parle. De la mĂȘme maniĂšre, deux collecteurs de notre coopĂ©rative ne conduiront pas le mĂȘme entretien, ne produiront pas le mĂȘme rĂ©cit. Dans notre mĂ©thodologie, c’est bien sĂ»r celui qui a racontĂ© son travail qui a le dernier mot sur le texte. Mais le travail du rĂ©dacteur est indispensable pour mettre en valeur ce qu’il a fait dire de l’activitĂ© de son interlocuteur, le porter aux lecteurs qui en sont les destinataires. Que nous disent nos interlocuteurs ? Trois idĂ©es fortes ressortent de ces rĂ©cits. Tout d’abord le constat qu’aucun travailleur ne peut se contenter de faire ce qu’on attend de lui. Chacun dĂ©borde nĂ©cessairement le cadre prescrit par son poste, parce qu’il y a toujours de l’inattendu dans l’activitĂ©, parce qu’on ne peut jamais rĂ©duire l’action sur la rĂ©alitĂ© Ă  des procĂ©dures Ă  appliquer. Ainsi ce dermatologue dont le mĂ©tier est Ă  priori bien circonscrit ses patients attendent de lui qu’il soigne leurs problĂšmes de peau. Mais lui nous a dit mesurer trĂšs bien que les symptĂŽmes qu’on lui dĂ©crit, qu’il observe, signalent des troubles internes complexes et dĂ©licats, que ne suffira pas Ă  traiter la pommade. Mais il nous a dit aussi ne pas ĂȘtre psychologue, ni assistant social, n’avoir ni les compĂ©tences ni les ressources pour intervenir sur les causes du malaise qui se manifeste par un herpĂšs, un eczĂ©ma ou un psoriasis. Il doit se contenter de faire ce qu’il sait faire, dĂ©livrer l’ordonnance attendue. Mais il sait aussi que pour bien faire son travail, il doit, devrait en faire un peu plus. Ça l’embarrasse, et c’est cet embarras-lĂ  qui constitue le dĂ©fi de chaque rendez-vous, qui l’occupe, et dont il nous fait part fortement dans son rĂ©cit. Autre exemple un jeune brancardier en hĂŽpital, chargĂ© de transporter les personnes de leur chambre vers le bloc opĂ©ratoire, et retour. Mes premiĂšres questions Ă©taient techniques comment fait-on pour dĂ©placer dĂ©licatement une personne du lit sur le brancard, opĂ©ration indispensable, mais risquĂ©e ? Comment fait-on pour manipuler les personnes sans aggraver leur Ă©tat ? Mais ces aspects du mĂ©tier ne l’intĂ©ressaient pas beaucoup, parce qu’il les maitrisait, parce qu’il effectuait les bons gestes sans avoir besoin d’y rĂ©flĂ©chir. Ce qu’il avait envie de me raconter lui appartenait en propre. Il s’était fixĂ© un dĂ©fi personnel Ă  chaque nouveau malade faire en sorte que celui qu’il prend en charge dans un certain Ă©tat de crispation, inquiet de la perspective d’ĂȘtre livrĂ© au bistouri, pĂ©nĂštre dans le bloc opĂ©ratoire cinq minutes plus tard avec le sourire. Durant les quelques minutes qu’il allait passer en compagnie du malade, tandis qu’il poussait le lit roulant dans les couloirs, il allait puiser dans son rĂ©pertoire de plaisanteries, de propos de circonstance ou d’anecdotes, en fonction de l’ñge de la personne, de son Ă©tat, pour la distraire de ses prĂ©occupations, et obtenir le sourire recherchĂ©. Personne ne lui demandait cela, cette tĂąche ne figurait pas dans sa fiche de poste, on ne le payait pas pour ça. Mais pour lui, c’était une dimension essentielle de son travail. DeuxiĂšme constat les personnes qui nous parlent de leur travail sont prises de façon considĂ©rable dans la relation aux autres. On ne fait jamais un travail seulement technique, seul dans son coin. Les autres sont lĂ , sinon physiquement, du moins dans la tĂȘte. Je pense au texte d’un manageur qui travaille en open space, sous le regard de ses collĂšgues et subordonnĂ©s, mais aussi avec les messages qui tombent, les rĂ©unions Ă  assurer, Ă  prĂ©parer puis Ă  dĂ©brieffer, les relations Ă  entretenir avec les prestataires, la hiĂ©rarchie, les clients. Et les journĂ©es passent Ă  toute vitesse Ă  se dĂ©pĂȘtrer de tout cela. La relation aux autres est souvent stimulante, au meilleur de la coopĂ©ration ainsi pour l’équipe du canot de sauvetage en mer au cours d’une intervention pĂ©rilleuse. Elle est parfois perturbante, quand le ton dĂ©rape. Elle est problĂ©matique lorsqu’on en est saturĂ©, tout autant lorsqu’on en manque. Autre rĂ©cit celui d’une personne travaillant sur une aire de repos d’autoroute. Lui aussi voit passer Ă©normĂ©ment de monde, et son texte dĂ©crit les vagues successives de clients tout au fil de la journĂ©e. Mais la plupart ne le voient pas, ne le considĂšrent pas, parce qu’ils sont occupĂ©s Ă  autre chose, parce qu’il est rendu anonyme par l’uniforme, invisible dans le dĂ©cor standardisĂ©, parce que, si on a affaire Ă  lui, ce n’est que pour rĂ©gler son sandwich ou son plein d’essence. AprĂšs avoir dĂ©couvert ce rĂ©cit, beaucoup de lecteurs nous affirment ne plus rentrer dans une aire de repos sans regarder et dire bonjour aux personnes qui sont lĂ , qui travaillent Ă  leur service
 TroisiĂšme idĂ©e les travailleurs que nous rencontrons sont trĂšs soucieux du monde qui les environne. Ils ont bien conscience qu’au-delĂ  de leur mĂ©tier prĂ©cis, au-delĂ  de la prĂ©occupation de gagner de quoi subvenir Ă  leurs besoins, leur activitĂ© professionnelle leur fait porter une certaine responsabilitĂ© sociale. Une dame qui ne fait que cueillir des pommes dans les vergers toute la journĂ©e, des pommes et encore des pommes, dit son souci de la qualitĂ© des fruits, en les manipulant avec prĂ©caution d’une part, mais aussi en s’inquiĂ©tant de l’utilisation excessive de produits chimiques par le propriĂ©taire. C’est une constante chez tous les travailleurs du monde agricole que nous rencontrons ils ont conscience que leur travail est au service de l’alimentation de tous. Chacun se dĂ©brouille comme il peut de ces affaires de pesticides, d’engrais, de prĂ©servation des sols. Chacun a sa rĂ©ponse propre, pense faire au mieux. Aucun n’est indiffĂ©rent au fait qu’il s’agit au final, avec cette expression forte, de nourrir le monde ». À quoi bon dire le travail ? Pour terminer, je voudrais dire quelques mots des finalitĂ©s de notre dĂ©marche. Et ce, Ă  partir de deux citations. L’une d’un sociologue français de l’aprĂšs-guerre, Georges Friedmann L’homme est toujours plus grand que sa tĂąche. » On n’est jamais seulement infirmiĂšre, policier, secrĂ©taire, mĂ©canicien. On a besoin de se comporter comme un ĂȘtre humain Ă  part entiĂšre, sans se laisser rĂ©duire Ă  une fonction. Sur le plan politique, il nous semble aller de soi, en tout cas depuis qu’existe le suffrage universel, que n’importe quel citoyen est compĂ©tent pour dĂ©terminer les orientations politiques de la sociĂ©tĂ© dans laquelle il vit. Quelles que soient ses compĂ©tences, son niveau d’éducation, sa culture, son niveau d’information, son bulletin de vote vaut celui d’un autre. Dire le travail, c’est considĂ©rer que l’activitĂ© de chacun dĂ©passe le seul accomplissement d’une tĂąche, contribue au fonctionnement du monde, et donc donne voix au chapitre pour dĂ©cider de toutes les questions de la vie commune. Nous voulons contribuer Ă  ce que cette conception de la citoyennetĂ© franchisse les portes des institutions qui organisent le travail. L’autre citation se trouve dans l’évangile de Matthieu L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Je me permets une reformulation un peu plus laĂŻque l’ĂȘtre humain au travail ne cherche pas seulement des satisfactions matĂ©rielles ; il est toujours portĂ© par autre chose, de l’ordre du symbolique. Pour le dire de façon dramatique on ne se suicide pas au travail Ă  cause d’une baisse de salaire ou d’une augmentation de son temps de travail. Des personnes en viennent Ă  cette extrĂ©mitĂ©, comme le montre l’actualitĂ©, mais ce n’est jamais pour des questions matĂ©rielles. C’est souvent pour des mots, des paroles qui blessent, voire qui tuent lorsqu’elles portent sur la question essentielle de la reconnaissance de l’individu dans un collectif. L’activitĂ© de travail relie de façon trĂšs forte les sujets les uns aux autres et au monde, et c’est cela qui mĂ©rite d’ĂȘtre dit. En parlant de son travail, on parle de son humanitĂ©, de sa place dans le vivant, de ce qui nous transcende. Patrice Bride, coopĂ©rative Dire Le Travail