Publiéle 25 août 2022 à 12h00 par La rédaction mis à jour le 25 août 2022 à 12h06 Alors que le mercato estival bat son plein, les clubs se
Laculture ne nous rend pas plus humain, parce quâĂ mesure quâelle nous ouvre sur lâhumanitĂ©, elle nous rĂ©duit au groupe. Il y a lĂ une impossibilitĂ© de principe. Elle divise entre
Ilsont 175 000 mineurs placĂ©s par dĂ©cision de justice sous la protection de lâaide sociale Ă lâenfance, parmi lesquels 60 000 sont en foyer ou famille dâaccueil.
Lezinc / Discussions générales; CPGE prépa | Fiche de vocabulaire allemand: le corps humain par 10/04/2011 15:19 0 Réponses 979 Vus Dernier message par prepa-HEC.org 10/04/2011 15:19 Le zinc / Discussions générales; Le progrÚs technique est-il un progrÚs humain ? par LauRa » 13/03/2004 21:20 3 Réponses 11167 Vus
Sinous nous Ă©loignons de la gratitude, nous perdons notre joie. Si nous permettons Ă quelque chose qui ne nous honore pas (nous ou les autres) de se produire, nous ne sommes pas joyeux. Si cela ne nous inspire / Ă©lĂšve / unit / soutient pas, alors cela nâa pas de sens. Si cela ne provient pas de lâamour, alors ce nâest pas rĂ©el.
Latechnique rend-elle le travail humain superflu ? La technique rend-elle le travail humain superflu ? PubliĂ© le 23/01/2004. Extrait du document. Cela non seulement parce que la technique contraint les corps, puisque en somme elle est une force, mais aussi, et peut-ĂȘtre davantage encore, parce que notre esprit, nos pensĂ©es, nos dĂ©sirs sont suscitĂ©s ou commandĂ©s par elle.
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Ilvient de la racine slave « robota » qui signifie travail de force. De lĂ sont nĂ©s deux mythes : le robot est un humanoĂŻde et le robot va prendre la place de lâhomme. En parallĂšle, les
Lestextes les plus importants de Karl Marx pour le XXIe siĂšcle. Choisis et commentĂ©s par Robert Kurz, La Balustrade, Paris, 2002, pp. 123-127. Lâautre Marx, le Marx Ă©sotĂ©rique, celui de la critique radicale catĂ©gorique se discerne bien moins nettement en ce qui concerne la critique du travail. Sur ce point, Marx semble gĂ©nĂ©ralement en accord avec le marxisme
Enfait, une conclusion plus juste serait : le travail ne rend pas heureux mais on peut faire en sorte que les salariĂ©s soient heureux au travail en leur confiant des responsabilitĂ©s, en amĂ©nageant le lieu de travail, en les associant Ă la performance de lâentreprise, en les laissant libres de leurs horaires ou de faire du tĂ©lĂ©travail, voire en leur proposant des cours de yoga au
teYx8tv. Dans le langage courant, le terme travail dĂ©signe un grand nombre d'activitĂ©s sociales l'ouvrier et le cadre travaillent, mais aussi la femme au foyer, l'Ă©lĂšve Ă l'Ă©cole. MalgrĂ© une certaine confusion, il semble qu'ils se consacrent tous Ă une activitĂ© socialement utile ou rentable. Travailler c'est donc agir en vue de l'utilitĂ© et plus fondamentalement le travail est nĂ©cessaire Ă la vie. En effet, si je travaille, c'est que j'en ai besoin pour vire, ce besoin est indĂ©finiment renouvelĂ© car j'aurai toujours Ă nouveau faim ou soif et donc Ă faire un effort pour me satisfaire. La pĂ©nibilitĂ© indĂ©finie, l'attachement au corps et Ă la vie la nĂ©cessitĂ© dĂ©finissent donc le travail. Pourtant, par son intermĂ©diaire, je transforme mon monde mon rapport Ă la nature, Ă moi-mĂȘme et aux autres. Cette transformation est-elle un accomplissement pour l'homme ou le rend-elle du moins possible ? Faut-il penser qu'il y a lĂ une dĂ©naturation de l'humanitĂ© ? Si le travail est la marque de la nature en l'homme, il dĂ©veloppe nĂ©anmoins des rapports proprement humains avec elle. Ceci n'exclut pourtant pas que l'homme peut se perdre dans le travail et les obligations qu'il implique. I. Le travail est dans la nature humaine. Travailler, c'est d'abord rĂ©ponde Ă une nĂ©cessitĂ© naturelle, celle de satisfaire, au moins dans un premier temps, nos besoins. Le travail est donc fondamentalement la marque de la nature sur l'homme. Il semblerait de ce fait qu'il nous lie Ă la rĂ©alitĂ© biologique du corps avec ses mĂ©canismes qu'il faut sans cesse entretenir plutĂŽt qu'Ă des qualitĂ©s spĂ©cifiquement humaines qui distinguent l'humain des autres ĂȘtres. Ainsi, Hannah Arendt dans Condition de l'homme moderne associe le travail au cycle biologique de production et de consommation, alors mĂȘme que dans la sociĂ©tĂ© moderne, on a largement dĂ©passĂ© la question de la satisfaction des besoins primaires. MĂȘme si nous travaillons pour le confort, le bien-ĂȘtre, le loisir, tous ces objets sont rapidement consommables et nous devrons renouveler notre effort pour les obtenir Ă nouveau, et ils ne donnent que des jouissances biologiques au fond. Cette nĂ©cessite s'accompagne, on le devine dĂ©jĂ , Ă la pĂ©nibilitĂ© du travail pour nous satisfaire, nous devons transformer une nature aride, hostile, inculte qui ne nous prodigue pas spontanĂ©ment ses bienfaits. En ce sens, si le travail est nĂ©cessaire, nous souhaiterions souvent nous en passer parce qu'il fatigue le corps et l'esprit. La tradi AccĂ©dez Ă la suite de ce contenu AccĂšdez aux contenus premium de 20aubac gratuitement en proposant votre propre corrigĂ©, ou en obtenant un accĂšs payant.
Papilloooon RĂ©ponse Le travail est un enjeu individuel, social et politique fondamental. Il façonne notre identitĂ© â gĂ©nĂ©ralement, nous nous dĂ©finissons par notre profession â et dĂ©termine notre place dans la sociĂ©tĂ©. Il nous permet dâacquĂ©rir des compĂ©tences et de nous perfectionner. Toutefois, sa pĂ©nibilitĂ© ne reprĂ©sente-t-elle pas une violence ? Le travail faitâil de nous des hommes ?RĂ©flexion 1 Le travail faitâil la valeur de lâhomme ? âș Le travail estâil aliĂ©nant ? Le travail nâestâil pas avant tout une dĂ©valorisation et une dĂ©possession de soi ? Par le travail, lâĂȘtre humain sâaliĂšne et, paradoxalement, peut sâappauvrir intellectuellement et physiquement. Lorsque le travail est rĂ©pĂ©titif, il ne permet plus de sâaccomplir dans la mesure oĂč il prive lâindividu de lâobjet quâil a produit. Il en va ainsi du travailleur dans le systĂšme productif capitaliste dĂ©crit par Marx. âș Quel perfectionnement de soi le travail permetâil ? Cette aliĂ©nation par le travail estâelle inĂ©vitable ? Ă quelles conditions un travail peutâil permettre de sâaccomplir et de se perfectionner ? Le travail ne serait pas seulement synonyme de dĂ©possession mais donnerait sa valeur Ă lâhomme en dĂ©veloppant ses facultĂ©s, en maĂźtrisant un geste ou un savoirâfaire, le travail permettrait de donner un sens Ă sa vie â sens Ă comprendre Ă la fois comme une direction et une signification. Simone de Beauvoir reconnaĂźt ainsi que le travail met lâhomme face Ă son pouvoir. Cependant, cette fiertĂ© nâestâelle pas confisquĂ©e par le genre masculin ?RĂ©flexion 2 Perdâon sa vie en travaillant ? âș Tout travail estâil exploitation ? Le travail permetâil de produire des richesses et de la valeur ou bien nâest-il au fond que la reconduction permanente de rapports dâexploitation ? Locke y voit la seule maniĂšre lĂ©gitime dâacquĂ©rir la propriĂ©tĂ©, et Crawford en fait lâoccasion de gagner en compĂ©tences et en estime de soi. AuâdelĂ du travail nĂ©cessaire, ne fautâil pas, avec Russell, voir dans lâoisivetĂ© lâoccasion de produire des vertus morales et sociales ? âș Que gagneâtâon Ă travailler ? Câest parce que lâĂȘtre humain travaille et quâil transforme la nature autour de lui quâil peut dire quâune chose lui appartient. De ce point de vue, la propriĂ©tĂ© est la rĂ©compense de son travail. Cependant, cela suppose que lâorganisation du travail ne soit pas prĂ©cisĂ©ment mise en place pour voler une partie du temps de travail. Or, le vol du surtravail est au coeur du mode de production capitaliste critiquĂ© par Marx. Le travailleur fonde alors la propriĂ©tĂ© de celui qui lâ 3 Le travail nĂ©cessitĂ© ou libĂ©ration ? âș Lâhomme peutâil se passer de travailler ? Certes, lâhomme est condamnĂ© Ă travailler puisquâil doit satisfaire ses besoins. Le travail apparaĂźt alors comme une souffrance qui sâabat sur lâhomme. Fautâil diminuer le temps de travail ou fautâil avant tout changer lâorganisation du travail ? Simone Weil le suggĂšre, elle qui a voulu Ă©prouver dans sa chair le travail harassant pour en penser le dĂ©passement. âș Le travail nâestâil quâune contrainte ? Dans la mesure oĂč il implique une peine Ă laquelle nous devons nous rĂ©soudre, dans tout travail il y a un Ă©lĂ©ment de contrainte. Cependant, nâestâce pas lĂ quâun aspect, partiel, du travail ? Ce dernier ne permetâil pas aussi de conquĂ©rir la libertĂ© et le bonheur, pour peu quâon laisse le travailleur cultiver son propre champ » selon les termes dâAlain ?Je t'ai rĂ©sumĂ© en quelques partie, je te souhaite bon courage et bonne journĂ©e !!! "*yum*" jolylaura72 bonjour, est ce que qu'une rĂ©flexion reprĂ©sente une grande partie ? ou represente elle une idĂ©e de plan ?
Ce texte est issue dâune intervention de Patrice Bride Ă un colloque organisĂ© en mars 2018 par la Mission ouvriĂšre. Il prĂ©sente la dĂ©marche de la coopĂ©rative le travail quâil sâagit de dire, la mĂ©thode choisie pour lâentendre et le mettre en textes, ce que nous en entendons au travers de nos rĂ©cits, et enfin nos motivations Ă le faire dire. Notre coopĂ©rative Dire Le Travail a pour objet de mettre le travail en mots, en discussion, en textes. Mais quel est ce travail que nous prĂ©tendons dire ? Le terme doit ĂȘtre explicitĂ© il est polysĂ©mique, et chargĂ© de reprĂ©sentations et de valeurs. Il est connotĂ© parfois trĂšs positivement, dans le registre de la passion ou de la crĂ©ation, parfois trĂšs nĂ©gativement, du cĂŽtĂ© de la souffrance ou de lâaliĂ©nation. Quel est ce travail que nous prĂ©tendons dire ? Soulignons dâabord notre souci de distinguer le travail de lâemploi. Un emploi dĂ©signe une occupation bornĂ©e dans le temps on embauche Ă 8 h le matin, on quitte son poste Ă 17 h le soir, et le reste du temps est autre chose des loisirs, du repos, de la vie privĂ©e, de la vie sociale. On recherche un emploi Ă lâissue de la scolaritĂ©, aprĂšs lâinsouciance de lâenfance, jusquâĂ lâĂąge fatidique de la retraite, pour profiter enfin dâune vie sereine et paisible. Lâemploi dĂ©signe une activitĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e, contractualisĂ©e. Le travail quâil sâagit de dire » pour nous est Ă entendre dans un sens beaucoup plus large ce que lâon fait dans la vie », pour reprendre le titre de notre livre. Câest le travail qui occupe lâesprit parfois dĂšs le rĂ©veil, et encore souvent bien aprĂšs ĂȘtre rentrĂ© chez soi. Câest le travail dont on rĂȘve dĂšs lâenfance, ou encore le travail auquel on peut enfin se consacrer pendant sa retraite, quitte Ă ce quâil soit bĂ©nĂ©vole. Câest le travail au sens de tout ce que lâon fait, bien au-delĂ de ce quâon est censĂ© faire Ă son poste, de ce qui est prĂ©vu dans le contrat avec lâemployeur. Dans une expression ordinaire, on dit parfois que lâon travaille pour gagner sa vie ». Certes, au sens prosaĂŻque pour obtenir un revenu, alimenter son compte en banque. Mais on dit aussi ne pas perdre sa vie Ă la gagner ». Il y a bien autre chose Ă gagner et Ă perdre au travail quâun revenu. Le travail peut rendre la vie plus riche. Il peut mĂȘme donner un sens Ă son existence, parce que lâon est fier de ce que lâon fait, parce que lâon se rend utile Ă dâautres. Câest, dans une premiĂšre entrĂ©e, ce travail que nous ambitionnons de faire dire Ă nos interlocuteurs. Et ce nâest pas une lubie les personnes que nous rencontrons ont beaucoup de choses Ă nous dire dans ce registre. Elles acceptent avec bonne volontĂ©, parfois mĂȘme soulagement, dâĂ©voquer ce qui les porte dans le travail un engagement personnel, une recherche dâaccomplissement au travers dâune activitĂ©, lâenvie et le besoin dâĂȘtre utile aux autres. Ainsi, jâai rencontrĂ© pour un entretien deux conducteurs de TGV. Tous les deux font le mĂȘme mĂ©tier, ont Ă peu prĂšs la mĂȘme expĂ©rience de la conduite, et sont mĂȘme fonctionnellement interchangeables si lâun est empĂȘchĂ© de prendre son poste, il faut que lâautre puisse le remplacer au pied levĂ©, dâune façon transparente pour leurs collĂšgues comme pour les passagers. Je prenais donc le risque quâils me racontent la mĂȘme histoire. Mais ce sont bien deux personnes diffĂ©rentes que jâai interviewĂ©es, qui ont certes les mĂȘmes tĂąches Ă effectuer, mais qui en fait ne font pas la mĂȘme chose dans leur vie ». Ces deux conducteurs nâont pas les mĂȘmes prĂ©occupations, les mĂȘmes prioritĂ©s, les mĂȘmes satisfactions Ă leur travail. Il ne sâagit bien sĂ»r pas de les opposer ou de donner raison Ă lâun ou Ă lâautre, mais de prendre la mesure de la diversitĂ© des rapports singuliers que chacun entretient avec le travail. Il y a donc bien de quoi constituer des rĂ©cits. Mais si nous nous intĂ©ressons tant au travail, ce nâest pas seulement pour saisir dans nos textes ces engagements subjectifs. On travaille pour soi, sur soi, mais on travaille aussi pour les autres, avec les autres. Le travail est aussi une activitĂ© sociale. Un travail inutile est insupportable ainsi dâun vigile de nuit dans un immeuble de bureaux sous alarme, qui sait quâil nâest lĂ que parce que sa prĂ©sence est requise par le contrat dâassurance. Il nâavait rien Ă faire, et il nâen pouvait plus de ne rien faire. Si travailler donne une existence sociale, câest par la contribution que lâon apporte Ă une Ćuvre commune, au fonctionnement du monde. Câest bien pour cela que nos rĂ©cits peuvent toucher le lecteur ce sont des rencontres, avec des personnes que lâon cĂŽtoie dans la sociĂ©tĂ©, mais aussi des personnes qui agissent sur nous parce quâelles conduisent les trains, parce quâelles nous protĂšgent, nous soignent, nous alimentent, nous cultivent. Comment nous y prenons-nous pour faire dire ce travail ? Le projet initial de la coopĂ©rative Ă©tait dâouvrir un espace dâexpression, mais plutĂŽt dans lâidĂ©e de laisser la plume aux travailleurs. Nous avions la conviction, gĂ©nĂ©reuse, mais peut-ĂȘtre un peu naĂŻve, que, dans notre sociĂ©tĂ© fortement scolarisĂ©e, lâimmense majoritĂ© des travailleurs maitrisent suffisamment lâĂ©crit pour ĂȘtre en mesure de dire leur travail, pourvu quâon le leur propose, pourvu quâon les accompagne dans la dĂ©marche. Pas si simple⊠Un entretien prĂ©alable, pour ĂȘtre dĂ©gagĂ© de la charge du passage Ă lâĂ©crit, a montrĂ© tout son intĂ©rĂȘt en Ă©voquant dâabord ce quâil y a Ă dire, pour rĂ©flĂ©chir ensuite Ă la meilleure maniĂšre de le mettre par Ă©crit. Et puis, chemin faisant, nouvelle dĂ©couverte un entretien sur le travail ne consiste pas Ă communiquer Ă son interlocuteur quelque chose qui serait dĂ©jĂ prĂ©sent Ă lâesprit, dont il y aurait juste Ă rendre compte en le mettant en mots. Lâentretien est une interaction entre celui qui sâexprime et celui qui lâamĂšne Ă sâexprimer, orientĂ©e vers un projet commun, en lâoccurrence prĂ©parer une publication. Une belle analogie conduire un entretien, puis le mettre en rĂ©cit, câest comme prendre une photographie. La personne photographiĂ©e accepte de se montrer, choisit ce quâelle veut montrer dâelle, quitte Ă dĂ©couvrir que ce quâelle montre nâest pas ce quâelle croyait. Le photographe ne se contente pas de capter un morceau de rĂ©el, parce quâil a son regard, ses choix esthĂ©tiques. Il met de lui dans la photographie autant que son sujet. Deux photographes ne feront pas le mĂȘme portrait dâune personne. Au final, câest bien sĂ»r la personne photographiĂ©e qui a droit de regard sur la publication de lâimage ; mais il a fallu le travail du photographe pour que le portrait attire lâattention du spectateur, lâinterpelle, lui parle. De la mĂȘme maniĂšre, deux collecteurs de notre coopĂ©rative ne conduiront pas le mĂȘme entretien, ne produiront pas le mĂȘme rĂ©cit. Dans notre mĂ©thodologie, câest bien sĂ»r celui qui a racontĂ© son travail qui a le dernier mot sur le texte. Mais le travail du rĂ©dacteur est indispensable pour mettre en valeur ce quâil a fait dire de lâactivitĂ© de son interlocuteur, le porter aux lecteurs qui en sont les destinataires. Que nous disent nos interlocuteurs ? Trois idĂ©es fortes ressortent de ces rĂ©cits. Tout dâabord le constat quâaucun travailleur ne peut se contenter de faire ce quâon attend de lui. Chacun dĂ©borde nĂ©cessairement le cadre prescrit par son poste, parce quâil y a toujours de lâinattendu dans lâactivitĂ©, parce quâon ne peut jamais rĂ©duire lâaction sur la rĂ©alitĂ© Ă des procĂ©dures Ă appliquer. Ainsi ce dermatologue dont le mĂ©tier est Ă priori bien circonscrit ses patients attendent de lui quâil soigne leurs problĂšmes de peau. Mais lui nous a dit mesurer trĂšs bien que les symptĂŽmes quâon lui dĂ©crit, quâil observe, signalent des troubles internes complexes et dĂ©licats, que ne suffira pas Ă traiter la pommade. Mais il nous a dit aussi ne pas ĂȘtre psychologue, ni assistant social, nâavoir ni les compĂ©tences ni les ressources pour intervenir sur les causes du malaise qui se manifeste par un herpĂšs, un eczĂ©ma ou un psoriasis. Il doit se contenter de faire ce quâil sait faire, dĂ©livrer lâordonnance attendue. Mais il sait aussi que pour bien faire son travail, il doit, devrait en faire un peu plus. Ăa lâembarrasse, et câest cet embarras-lĂ qui constitue le dĂ©fi de chaque rendez-vous, qui lâoccupe, et dont il nous fait part fortement dans son rĂ©cit. Autre exemple un jeune brancardier en hĂŽpital, chargĂ© de transporter les personnes de leur chambre vers le bloc opĂ©ratoire, et retour. Mes premiĂšres questions Ă©taient techniques comment fait-on pour dĂ©placer dĂ©licatement une personne du lit sur le brancard, opĂ©ration indispensable, mais risquĂ©e ? Comment fait-on pour manipuler les personnes sans aggraver leur Ă©tat ? Mais ces aspects du mĂ©tier ne lâintĂ©ressaient pas beaucoup, parce quâil les maitrisait, parce quâil effectuait les bons gestes sans avoir besoin dây rĂ©flĂ©chir. Ce quâil avait envie de me raconter lui appartenait en propre. Il sâĂ©tait fixĂ© un dĂ©fi personnel Ă chaque nouveau malade faire en sorte que celui quâil prend en charge dans un certain Ă©tat de crispation, inquiet de la perspective dâĂȘtre livrĂ© au bistouri, pĂ©nĂštre dans le bloc opĂ©ratoire cinq minutes plus tard avec le sourire. Durant les quelques minutes quâil allait passer en compagnie du malade, tandis quâil poussait le lit roulant dans les couloirs, il allait puiser dans son rĂ©pertoire de plaisanteries, de propos de circonstance ou dâanecdotes, en fonction de lâĂąge de la personne, de son Ă©tat, pour la distraire de ses prĂ©occupations, et obtenir le sourire recherchĂ©. Personne ne lui demandait cela, cette tĂąche ne figurait pas dans sa fiche de poste, on ne le payait pas pour ça. Mais pour lui, câĂ©tait une dimension essentielle de son travail. DeuxiĂšme constat les personnes qui nous parlent de leur travail sont prises de façon considĂ©rable dans la relation aux autres. On ne fait jamais un travail seulement technique, seul dans son coin. Les autres sont lĂ , sinon physiquement, du moins dans la tĂȘte. Je pense au texte dâun manageur qui travaille en open space, sous le regard de ses collĂšgues et subordonnĂ©s, mais aussi avec les messages qui tombent, les rĂ©unions Ă assurer, Ă prĂ©parer puis Ă dĂ©brieffer, les relations Ă entretenir avec les prestataires, la hiĂ©rarchie, les clients. Et les journĂ©es passent Ă toute vitesse Ă se dĂ©pĂȘtrer de tout cela. La relation aux autres est souvent stimulante, au meilleur de la coopĂ©ration ainsi pour lâĂ©quipe du canot de sauvetage en mer au cours dâune intervention pĂ©rilleuse. Elle est parfois perturbante, quand le ton dĂ©rape. Elle est problĂ©matique lorsquâon en est saturĂ©, tout autant lorsquâon en manque. Autre rĂ©cit celui dâune personne travaillant sur une aire de repos dâautoroute. Lui aussi voit passer Ă©normĂ©ment de monde, et son texte dĂ©crit les vagues successives de clients tout au fil de la journĂ©e. Mais la plupart ne le voient pas, ne le considĂšrent pas, parce quâils sont occupĂ©s Ă autre chose, parce quâil est rendu anonyme par lâuniforme, invisible dans le dĂ©cor standardisĂ©, parce que, si on a affaire Ă lui, ce nâest que pour rĂ©gler son sandwich ou son plein dâessence. AprĂšs avoir dĂ©couvert ce rĂ©cit, beaucoup de lecteurs nous affirment ne plus rentrer dans une aire de repos sans regarder et dire bonjour aux personnes qui sont lĂ , qui travaillent Ă leur service⊠TroisiĂšme idĂ©e les travailleurs que nous rencontrons sont trĂšs soucieux du monde qui les environne. Ils ont bien conscience quâau-delĂ de leur mĂ©tier prĂ©cis, au-delĂ de la prĂ©occupation de gagner de quoi subvenir Ă leurs besoins, leur activitĂ© professionnelle leur fait porter une certaine responsabilitĂ© sociale. Une dame qui ne fait que cueillir des pommes dans les vergers toute la journĂ©e, des pommes et encore des pommes, dit son souci de la qualitĂ© des fruits, en les manipulant avec prĂ©caution dâune part, mais aussi en sâinquiĂ©tant de lâutilisation excessive de produits chimiques par le propriĂ©taire. Câest une constante chez tous les travailleurs du monde agricole que nous rencontrons ils ont conscience que leur travail est au service de lâalimentation de tous. Chacun se dĂ©brouille comme il peut de ces affaires de pesticides, dâengrais, de prĂ©servation des sols. Chacun a sa rĂ©ponse propre, pense faire au mieux. Aucun nâest indiffĂ©rent au fait quâil sâagit au final, avec cette expression forte, de nourrir le monde ». Ă quoi bon dire le travail ? Pour terminer, je voudrais dire quelques mots des finalitĂ©s de notre dĂ©marche. Et ce, Ă partir de deux citations. Lâune dâun sociologue français de lâaprĂšs-guerre, Georges Friedmann Lâhomme est toujours plus grand que sa tĂąche. » On nâest jamais seulement infirmiĂšre, policier, secrĂ©taire, mĂ©canicien. On a besoin de se comporter comme un ĂȘtre humain Ă part entiĂšre, sans se laisser rĂ©duire Ă une fonction. Sur le plan politique, il nous semble aller de soi, en tout cas depuis quâexiste le suffrage universel, que nâimporte quel citoyen est compĂ©tent pour dĂ©terminer les orientations politiques de la sociĂ©tĂ© dans laquelle il vit. Quelles que soient ses compĂ©tences, son niveau dâĂ©ducation, sa culture, son niveau dâinformation, son bulletin de vote vaut celui dâun autre. Dire le travail, câest considĂ©rer que lâactivitĂ© de chacun dĂ©passe le seul accomplissement dâune tĂąche, contribue au fonctionnement du monde, et donc donne voix au chapitre pour dĂ©cider de toutes les questions de la vie commune. Nous voulons contribuer Ă ce que cette conception de la citoyennetĂ© franchisse les portes des institutions qui organisent le travail. Lâautre citation se trouve dans lâĂ©vangile de Matthieu Lâhomme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Je me permets une reformulation un peu plus laĂŻque lâĂȘtre humain au travail ne cherche pas seulement des satisfactions matĂ©rielles ; il est toujours portĂ© par autre chose, de lâordre du symbolique. Pour le dire de façon dramatique on ne se suicide pas au travail Ă cause dâune baisse de salaire ou dâune augmentation de son temps de travail. Des personnes en viennent Ă cette extrĂ©mitĂ©, comme le montre lâactualitĂ©, mais ce nâest jamais pour des questions matĂ©rielles. Câest souvent pour des mots, des paroles qui blessent, voire qui tuent lorsquâelles portent sur la question essentielle de la reconnaissance de lâindividu dans un collectif. LâactivitĂ© de travail relie de façon trĂšs forte les sujets les uns aux autres et au monde, et câest cela qui mĂ©rite dâĂȘtre dit. En parlant de son travail, on parle de son humanitĂ©, de sa place dans le vivant, de ce qui nous transcende. Patrice Bride, coopĂ©rative Dire Le Travail